Texte
collectif suite à la rencontre parent-enfant sur le même thème
Certaines
mamans ne ressentent pas la fatigue due aux nuits entrecoupées par
les réveils de leur enfant : les bienheureuses !
Le
thème de la rencontre était le sommeil des enfants ... et des
parents pendant les premières années. Sans
même nous en rendre compte, c'est autour de la fatigue que le groupe de mères que nous formions a partagé très spontanément. Et là, même pas question
de culpabiliser nos p'tits bouts, de parler de sevrage ... Non, nous
étions toutes d'accord pour accompagner nos bambins dans le respect
de leur rythme. Voici plutôt la question que nous nous sommes posée :
Comment faire avec la fatigue, comment recharger les batteries, comment prendre soin de soi ?
La
question de la fatigue vient toucher celle des limites physiques et
émotionnelles des mères. Les signes de mes limites, c'est à dire
quand mon réservoir d'énergie est vide :
Quand je me sens lasse, quand je me
réveille le matin et que je pense déjà au moment du coucher, angoissée à l'idée de toutes les tâches qui m'attendent dans la journée...
Quand je suis à bout et que ça bout à l'intérieur, quand j'ai peur d'être violente physiquement avec mes
enfants ou que je crie sur eux, le corps plein de colère et déjà culpabilisée de ces émotions que je n'arrive pas à maîtriser ...
Quand j'ai juste envie d'être seule pour me reposer et que seul le silence m'apaise …
Comment continuer à être présente, disponible, bienveillante quand on n'a plus rien à donner ?
On
ne peut pas, tout simplement ! C'est juste humain, et nous les mères
nous sommes juste des êtres humains pas des super women ! Qu'on
se le tienne pour dit !
La
première année de maternage, les mères perdent de nombreuses
heures de sommeil car le rythme du bébé est fort différent de
celui de l'adulte. Rappelons qu'il est tout à fait normal
qu'un enfant ne fasse pas ses nuits dès la naissance. Les 3 premiers
mois, le rythme est le même que celui in utero. Le nourrisson dort
environ 80% du temps et il ne reconnaît pas le jour et la nuit.
Il faut dire que mine de rien, le bébé travaille beaucoup dès son arrivée au monde. L'une des
fonctions du sommeil est de favoriser la maturation du cerveau et de
secréter des hormones qui favorisent la croissance. Le lait maternel aide aussi le bébé à développer son cerveau. Le problème c'est qu'il se digère facilement et donc que le bébé a besoin de se réveiller plus souvent pour se nourrir ! Et oui ! si le bébé se réveille la nuit, ce n'est pas pour nous ennuyer
... c'est qu'il a faim ou qu'il nous signale quelque chose d'autre qui l'empêche de dormir : désagrément physique ou besoin de chaleur et de contact ...
On
situe l'endormissement (moment où l'enfant "fait ses nuits") entre 3 et 6 mois avec des fluctuations selon
les enfants. Comme chez les adultes, il y a des petits dormeurs et des
gros dormeurs ! Pour cette raison, L'OMS (Organisme Mondial de la Santé) recommande de faire dormir l'enfant 6 mois
dans la chambre parentale. Cela permet de répondre rapidement aux
besoins de nourriture des jeunes bébés et d'éviter la mort subite
du nourrisson. Ensuite, peu à peu, on peut accompagner l'enfant vers une autonomie nocturne.
A l'aide ...
Tous
ces soins et cette présence jour et nuit fatiguent. Et la fatigue,
on le sait est un ennemi puissant. Empêcher les gens de dormir ou
les réveiller souvent est malheureusement un moyen de torture, c'est
dire que cela peut-être d'une grande violence sur le corps et l'esprit. La fatigue nous fait
voir la réalité bien plus noire qu'elle ne l'est. Les pensées
s'emmêlent, s'assombrissent, on stresse. Le cerveau ne fonctionne
plus correctement et les émotions jouent dans le clair obscur. Et
comme on stresse, on se fatigue encore plus. Le
fantôme de la dépréciation de soi en profite pour prendre la place : « Pourquoi
les autres y arrivent et pas moi ? » Et une petite voie
intérieure se fait entendre en filigrane : tu n'es décidément
pas à la hauteur, mauvaise mère». C'est pourquoi un grand
sentiment de solitude nous tombe parfois dessus ... Mais qui donc
peut nous comprendre !!! Et à qui confier toutes ces pensées ?
Pourquoi notre conjoint, même s'il nous aime et qu'il est investi
auprès de ce petit ne comprend t-il pas tous ces besoins qui
hurlent en nous ? Pourquoi ne nous apporte t-il pas le soutien dont nous avons
besoin ? Parfois son manque de compréhension nous blesse si
profondément...
Et
pourtant, notre conjoint ne peut pas deviner à notre place surtout
s'il n'expérimente pas les réveils nocturnes et ne s'adapte que
rarement au rythme de son tout-petit. Il ne peut pas entendre ce que
nous ne lui disons pas ... Alors comment faire ? Comment lui
faire comprendre ce que nous ressentons et notre besoin de
soutien ?
L'empathie, ça s'apprend, ce n'est pas forcément
naturel, même au sein du couple. Apprendre à formuler clairement des demandes concrètes (tout en acceptant de recevoir une réponse négative !) est un bon moyen pour créer du lien avec son conjoint. Demander de l'aide quand
l'enfant se réveille la nuit pour aller le chercher, essayer de le
rendormir (même si ça ne marche pas forcément !) aide à faire prendre
conscience de la difficulté de la tâche et de la fatigue qui en
résulte le lendemain ! Et souvent, on constate,
qu'effectivement, le lendemain, notre conjoint nous aide un peu plus
que d'habitude … chouette, ça veut dire que son cœur s'est
ouvert, il a compris !
On peut aussi faire le minimum vital
pendant un certain temps pour montrer à quel point on est fatiguée :
Des pâtes midi et soir pendant deux, trois jours, la grève du
balai, de la vaisselle, du linge … Notre perfectionniste intérieur en
prendra aussi pour son grade et nous, on appréciera de voir que le
monde ne s'écroule pas si la maison n'est pas en ordre et qu'on a
pas passé le temps qu'on souhaitait avec les enfants plus grands ou avec
notre conjoint !
On peut aussi carrément s'autoriser à
disparaître, se retirer totalement de la sphère familiale pour
laisser un temps les rennes, permettre ainsi une autre configuration
possible et se retrouver soi-même. Tout dépend bien sûr de l'âge de l'enfant, s'il est nourri ou endormi au sein et de sa propre tolérance à la séparation. Pour le coup, au lieu d'utiliser la méthode 5,10,15 pour faire taire son enfant au moment de l'endormissement, on peut la réutiliser pour soi : s'absenter un petit moment, puis quelques heures, puis ... Notre petite voix intérieure "qui sait" (pas celle de toute à l'heure !), si
on l'écoute est un très bon guide. Elle nous dira ce qui est bon
pour nous : pratiquer une activité corporelle, sportive,
artistique, manuelle, voir des copines, faire du shopping ... partir deux heures ou une journée !
Du temps pour soi et de la bienveillance !
L'important
c'est d'oser fermer la boutique, prendre soin de soi pour ne
plus prendre sur soi. Se poser, prendre un temps pour observer le désordre de notre état
intérieur et souffler, se poser, encore.. ne serait-ce qu'un
instant, une minute, cinq minutes, dix minutes pour remplir à
nouveau le réservoir affectif. Dire non à l'extérieur pour se
dire oui à soi. S'accorder un peu de bienveillance, en jetant par exemple les listes interminables de choses à
faire, les laisser s'envoler avec le vent, les remettre en
confiance à l'univers ...
Les mères sont de grandes créatrices ! Nous savons innover et trouver de nombreuses stratégies pour remonter notre niveau énergie rapidement (eh oui, s'occuper d'un petit d'homme s'apparente parfois à une situation d'urgence ! ) : Sortir, se ressourcer dans la nature en portant ou en poussant bébé,
regarder son enfant yeux dans les yeux et se nourrir de l'amour qui naît ainsi, jouer et rire avec les enfants plus grands. Ce sont des maîtres de l'instant présent et de la légèreté d'être, profitons-en ! Faire attention à notre façon de nous
nourrir puisque c'est aussi de là que notre corps tire son énergie. Manger sainement des produits riches (fruits frais et secs,
oléagineux …), se faire un programme de sportive ! Penser à
dormir et, si on ne peut pas toujours faire des grasses matinées avec
les enfants, vive les grâces soirées! ...au lit à 21h00! Une bonne
nuit de 9-10heures de temps en temps remet les compteurs à zéro.
Et
lorsque, malheureusement, on se compare aux autres (ou à soi-même),
le faire aussi
en positif ! Déconditionner notre cerveau de sa tendance à l'abattement. Se faire trois compliments chaque soir, se remercier pour toutes les choses qu'on a accomplies, voilà une belle attention !
S'il
nous arrive encore de nous poser cette question : « Pourquoi
je n'arrive pas à prendre du temps pour moi ? », alors il est important de retourner se
poser cinq minutes avec notre bourreau intérieur et juste le
regarder avec beaucoup d'amour car il a certainement très peur ...
Quelques lectures pour aller plus loin ...
Violaine Guéritault, La fatigue émmotionnelle et physique des mères
Stéphanie Allenou, Mère épuisée. Disponible à la bibliothèque
Les livres du Dr Michel Lecendreux, grand spécialiste du sommeil.
Elisabeth Darchy, Le sommeil du bébé
Claude-Suzanne Didierjean-Jouveau, Partager le sommeil de son enfant. disponible à la bibliothèque
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire